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L’ADAMIADE

CHANT HUITIEME

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


SOMMAIRE DU CHANT HUITIEME

        EN ROUTE VERS L’ENFER

 

R

ésumé. Au bord du Vide. La fuite à nouveau. Où se trouve la Porte de l’Enfer ? Dans le tourbillon d’un trou noir, où ils plongent. L’Espace et le Temps disparaissent : c’est l’Enfer. La nuit, le silence. le pays Cimmérien. Un gardien les arrête. Les Cimmériens reconnaissent ce Grand Seigneur qu’est Bélial et l’adorent. Il leur présente Ischtar, ambassadeur de la Terre. Ischtar, encore aveuglé, recouvre la vue et découvre l’horreur. Description du Peuple Cimmérien. Elanoch, leur chef, est nommé Grand Consul pour prix de sa bonne garde. Plongée dans le cœur du Néant. Ischtar prend peur et veut invoquer Kalibu. La voix de Kalibu se fait entendre par les traits de Bélial. Ischtar se soumet. Arrivée aux abords de Pandémonium, capitale infernale. Aménophis, esprit vicieux, lui apprend qu’au terme du Sabbat, les Pairs éliront un nouveau chef à sa place. Suspicion. Bélial observe. En route à nouveau à travers le Chaos. Premier avant poste. Aménophis récompensé. Les falaises de marbre. Les anges de la Peste. Le détroit est gardé par une Sphinx qui doit questionner le nouveau venu, qu’elle reconnaît et voudrait perdre et retarder jusqu’à la fin du Sabbat. La Sphinx éveille chez Bélial un désir sans amour. Ils disparaissent tous deux dans le dédale, où est mise à mal par Bélial. Nouveau départ vers le gouffre infernal au fond duquel on aperçoit Pandémonium. Description. Onction dans le fleuve Nhayeu, rite obligé pour oublier tout bien. Trois mille Djinns fidèles viennent à leur rencontre. « Est-ce l’Homme ? ». Ischtar est confié à Booz, puis Bélial s’envole assister au Conclave. Un chœur retentit, annonçant le retour du Maître. Dialogue Booz- Ischtar. Ischtar ne peut plus ce qu’il veut. Plainte d’Ischtar en survolant l’Enfer.

 

 

 

 

 

 


L’ADAMIADE

 

     

 

 

  CHANT HUITIEME

 

 

          Le couple poursuivi était au bord du gouffre…

Lecteur, t’en souvient-il ? Dans les vapeurs du soufre,

L’ultime galaxie, du Cosmos inconnue,

Mourait, quand l’Armada apparut dans la Nue.

          S’en suivit un débat. L’Augure, en son délire,

Prétendait que Bélial ne l’oserait franchir.

Il relevait alors le défi. Pour se faire,

Il brise cent soleils qui bloquent les Enfers.

          Il s’en croit vainqueur, mais l’ennemi qui les garde

Oppose à leur bravoure une armée, les retarde.

Le canon gronde : il n’est plus temps pour ajourner

Leur entrée dans ce monde où hurlent les damnés…

                                       ~

          Il y avait, au loin, des restes du carnage,

Des soleils persistaient au sein du paysage,

Enormes, dans des gaz où tournaient des pulsars[i]

Envoyant leurs rayons ionisés, au hasard.

          Le couple en perdition s’y fraie un chemin, va,

Longe une nébuleuse, une supernova[ii],

S’y attarde, respire, enfin voit dans la nuit

L’infatigable armée ennemie qui les suit.

Elle approche. Il leur faut à nouveau repartir,

Brouiller leur piste pour échapper au martyr.

          Ischtar, collé au flanc de la Forme, perçoit

L’horreur qui la secoue, sa hantise et l’effroi

D’être prise. Soudain, c’est la peur qui l’emporte :

-        Où donc, s’écrie Bélial, est la funeste porte ?

Je l’avais, à l’aller, grande ouverte et béante,

Trouvée au sein rougi d’une étoile géante.

Point d’erreur, ce passage en est tout le portrait. »

 

A peine a t’il parlé qu’un fort vent apparaît,

Qui l’entraîne. Il résiste, en vain : un grand trou noir[iii]

L’attire malgré lui dans son large entonnoir.

-        Quittons, il en est temps, le Terrestre alentour,

Dit la Forme, et rentrons au funeste séjour.

Ischtar, te voilà roi ! ». Puis le devin se tut.

Dans la spirale en feu, la pression s’accentue.

-   Salut, monde étranger », murmure Bélial. 

Il sait qu’il reverra ses lares familiales.

Déjà notre univers et son pâle éclairage

S’évanouissent et fuient comme font les mirages.

-   O supplice abhorré et pourtant familier,

Songe un instant le fier et fringuant cavalier.

Me voici victorieux : je ramène la proie

Que réclament les Pairs et ce peuple hors-la- loi ». 

Il dit, sourit un peu, fulmine et, sans retard,

Vers ce qui fut son dû, jette un dernier regard.

Alors, à son plus bel étonnement, le fourbe

Regarde avec stupeur l’univers qui se courbe[iv],

Se redresse et paraît… Mais dans le même instant,

Ils quittent pour l’Enfer notre espace et son temps.

          Aspirés malgré eux au sein du noir cyclone,

Là où les éléments de l’atome, asynchrones[v],

Hors de la gravité qui appesantit l’air,

Aboutissent, un monde, au notre gémellaire[vi],

Apparaît, submergé par un long crépuscule.

                                      

Mais le dire, O lecteur, oui, mon esprit recule !

Ah ! Qu’une telle épreuve anéantit mon âme !

Pourvu qu’elle en échappe, indemne de ses flammes !

Et l’horreur la saisit quand leur ombre létale[vii]

La consume déjà : voici l’instant fatal !

                                      

          C’était l’ombre partout ! Ici, nulle clarté.

« Lasciate agni speranza, voi ch’antrate » :

« Vous qui entrez ici, laissez toute espérance[viii]. »

 

          C’était partout l’horreur, la nuit et le silence.

Là, sur un haut perchoir constitué d’ossements,

La Forme prit son souffle et, dans un battement

D’ailes ensanglantées, l’œil affreux du vampire

Savourait le retour en son ignoble empire.

          Là, dans un marécage où ne pousse plus rien

Que l’ocre ajonc, s’étend le pays Cimmérien[ix],

Sol d’une plèbe honnie redoutant la lumière,

En mœurs corrompues, blasphèmes coutumière.

          Apercevant l’intrus, ils approchent. Leur rôle

Est d’examiner ceux qui franchissent ce pôle :

-        Qui es-tu ? a lancé leur gardien, la crinière

Hirsute rejetée par son bras en arrière.

Notre Maître, en quittant la contrée, nous a dit :

« Vigilate estate[x]. Je vais au Paradis. 

Voici l’ordre », et montra un blanc-seing. Lors, depuis

Nous guettons son retour en l’éternelle nuit. »

A ces mots, sur l’affreux et rusé volatile

Passe un frisson :

-        Vaillant Elanoch, lui dit-il,

C’est moi ! ». Puis, dépouillant quelques reflets encore,

Se montre tel qu’il fut, un instant. Tous adorent,

Non point tant la beauté, ignoble en son essence

Dévoyée, que du Mal la terrible puissance.

          Là, dans la foule, gnomes[xi] et gueux[xii], à genoux,

Râlent, soupirent en implorant leur gourou :

-        Qui nous délivrera de ces marais austères ?

Tu nous avais promis, en rentrant, quelque terre

Nouvelle. Ce jardin, dont tu parlais naguère,

L’as-tu vu ? Pourrons-nous lui apporter la Guerre ? »

 

Mais lui, montrant, d’une aile étendue, son captif,

Condamne d’un œil dur leur zèle trop hâtif.

A quoi bon éclairer cette plèbe inutile,

Pense la Forme : « Frères, voyez ! leur dit-il

En un vibrant parler, séduisant les oreilles

D’Ischtar, qui siègera désormais au Conseil

Des Pairs[xiii]. Je l’y conduis : voici l’ambassadeur

Que nous attendions tous. »

                                                     A ces mots, une ardeur

Nouvelle a envahi le bas peuple, et Dité[xiv]   

Ne pouvait que sourire à leur crédulité.

          Comme au fond des forêts, où met bas l’antilope,

Où s’ouvrent les yeux d’or des oiseaux nyctalopes[xv],

C’est le moment qu’Ischtar, qui suit cette entrevue,

A choisi, malgré lui, pour recouvrer la vue.

          Le cœur déjà gonflé par les feintes paroles

Qu’a prononcées Bélial, cet être un peu frivole

N’en demandait pas plus pour oublier déjà

Les beautés aperçues dans l’Ether : le goujat !

 

          Se décillent enfin ses paupières blessées ;

Alors, toute l’horreur est devant lui dressée.

Sur-le-champ il voudrait revenir en arrière :

Impossible ! Ici gît l’antre d’anti-matière[xvi],

Ce monde parallèle au notre, son reflet,

Son double, où la laideur, à l’envie, se complait.

          Nul astre en ce ciel vide où la Ténèbre, à peine,

Est percée par endroit de lueurs incertaines,

Glauques, et qui rougeoient quand les vapeurs du soufre

Atteignent les contrées qui dominent le gouffre.

Celui-ci est sans fond. Cet univers béant

Accueille, dirait-on, une armée de géants :

Ce ne sont que cris, larmes, grincements de dents,

Tant qu’on s’effraie à croire quelqu’un vivre dedans.

Cela résonne. On hurle à la mort en ce trou.

Rire ou pleur ? On dirait des monstres qui s’ébrouent.

          Sur ses bords, les marais gorgés d’ondes acides

D’où s’échappent mille et molles bulles fétides,

Crépitent sous la pluie de rougeoyantes braises

Qui achoppent dans l’eau où des âmes se plaisent :

Ce sont les Cimmériens[xvii], ce peuple veule et morne,

Que l’on craint en Enfer. Leur bassesse est sans borne.

Que l’âme fatiguée d’un démon se transporte,

Après un long voyage, à cette auguste porte

Dont l’accès est proscrit à quiconque, sans droit

S’y présente, qu’il soit simple gueux ou bien roi,

Ces terribles gardiens le repoussent toujours :

On ne quitte jamais le funeste séjour.

          Qu’il insiste pour fuir son supplice éternel,

Qu’il soudoie pour passer la ferme sentinelle,

Aussitôt, condamné comme traître à l’exil,

On le renvoie, sur l’heure, à son lointain asile.

          Pire encore. On raconte des choses cruelles,

Avérées, si l’on croit les récits qu’on fait d’elles.

Plusieurs, et non des moindres, ont voulu franchir

En cachette la Porte, et du Mal s’affranchir :

Les félons, sur-le-champ, selon les aruspices[xviii],

Déchurent sans procès au fond du précipice.

 

          Ainsi rôde toujours la garde plébéienne[xix]

Vers la Porte, à plusieurs, comme d’immondes hyènes.

Jaunes et globuleux sont leurs yeux ; une bave

Atroce dégouline à leurs babines caves[xx] ;

Parfois, brièvement,  un aboi leur échappe :

On dirait, dans la nuit, quelque goule[xxi] qui jappe.

          Le Devin voit leurs yeux clignoter ; la pénombre

En est tout envahie : leur force est dans le nombre.

Laissée seule, elle fuit, le cran n’est pas son fort :

Elle ira, sans un bruit, quémander du renfort

Puis, quand l’âme oublieuse aura cru triompher

D’elles, ce peuple vil fondra sur son trophée.

 

          Reconnaissant leur maître, elles fondent leurs voix

En un chœur monstrueux, puis Bélial les renvoie

D’un geste et, retenant Elanoch, il lui dit :

-        Nous volons au Palais. Salut, ange maudit !

Je te fais Grand Consul : veille sur ta Province.

Nous sommes attendus pour l’Assemblée des Princes. » 

L’autre, vil courtisan, d’un parler maladroit,

Lui répond :

-        Souviens-toi d’y nommer ton bras droit. »

Puis, alliant le geste à ses brèves paroles,

Vers le trou Bélial se penche et prend son vol.

 



[i] Un pulsar est le nom donné à l'objet astrophysique produisant un signal périodique, de période allant de l'ordre de la milliseconde à quelques dizaines de secondes. Il est considéré comme étant une étoile à neutrons, tournant très rapidement sur elle-même (période typique de l'ordre de la seconde, voire beaucoup moins pour les pulsars milliseconde) et émettant un fort rayonnement électromagnétique dans la direction de son axe magnétique. Le nom de pulsar vient de ce que lors de leur découverte, ces objets ont dans un premier temps été interprétés comme étant des étoiles variables sujettes à des pulsations très rapides. Pulsar est l'abréviation de « pulsating radio source » (source radio pulsante). Cette hypothèse s'est rapidement révélée incorrecte, mais le nom est resté.

Les pulsars sont issus de l'explosion d'une étoile massive en fin de vie, phénomène appelé supernova (plus précisément supernova à effondrement de cœur, l'autre classe de supernovas, les supernovas thermonucléaires ne laissant pas derrière elles de résidu compact). Toutes les supernovas à effondrement de cœur ne donnent pas naissance à des pulsars, certaines laissant derrière elles un trou noir. Si une étoile à neutrons a une durée de vie virtuellement infinie, le phénomène d'émission caractéristique d'un pulsar ne se produit en général que pendant quelques millions d'années, après quoi il devient trop faible pour être détectable avec les technologies actuelles. Voir aussi la rubrique « Mort d’une étoile » du Chant V.

[ii] Une supernova (du latin, surnouveau) est l'ensemble des phénomènes conséquents à l'explosion d'une étoile, qui s'accompagne d'une augmentation brève mais fantastiquement grande de sa luminosité. Vue depuis la Terre, une supernova apparait donc souvent comme une étoile nouvelle, alors qu'elle correspond en réalité à la disparition d'une étoile.

 Il existe deux mécanismes en réalité assez distincts qui produisent une supernova : le premier résulte de l'explosion thermonucléaire d'un cadavre d'étoile appelé naine blanche, le second de l'implosion d'une étoile massive qui est encore le siège de réactions nucléaires au moment de l'implosion. Cette implosion est responsable de la dislocation des couches externes de l'étoile. Le premier mécanisme est appelé supernova thermonucléaire, le second supernova à effondrement de cœur. Un troisième mécanisme, encore incertain, mais s'apparentant au second, est susceptible de se produire au sein des étoiles les plus massives. Il est appelé supernova par production de paires. Historiquement, les supernovas étaient classifiées suivant leurs caractéristiques spectroscopiques. Cette classification est peu pertinente d'un point de vue physique. Seules les supernovas dites de type Ia sont thermonucléaires, toutes les autres étant à effondrement de cœur.

[iii] Trou noir : voir la note du même nom du Chant V.

[iv] En cosmologie, la courbure spatiale représente la courbure des sections spatiales de l'Univers dans un modèle homogène et isotrope de type Friedmann-Lemaître-Robertson-Walker. Intuitivement, elle donne une échelle de longueur qui délimite les distances en deçà desquelles l'univers peut localement être décrit à l'aide d'une métrique euclidienne, c'est-à-dire que les résultats de géométrie dans l'espace usuelle (comme le théorème de Pythagore) restent valables. Dans un tel modèle cosmologique, la courbure spatiale est le seul paramètre géométrique local qui caractérise la structure de l'espace. Comme de coutume en géométrie, la courbure spatiale correspond (au signe éventuel près) à l'inverse du carré du rayon de courbure des hypersurfaces de densité constantes existant dans ces modèles. Trois cas possibles :

 .   Une courbure spatiale nulle décrit un univers plat. Elle correspond à des sections spatiales décrites par la géométrie euclidienne. En particulier le théorème de Pythagore y est valable, et la somme des angles d'un triangle est égale à 180 °.

. Une courbure spatiale positive caractérise un univers fermé. Elle correspond à l'analogue tridimensionnel de la géométrie sphérique. Le théorème de Pythagore n'est plus valable, et la somme des angles d'un triangle est supérieure à 180 °. On peut aisément visualiser un espace à deux dimensions de courbure positive constante : il s'agit de la sphère. Son analogue tridimensionnel est en revanche plus difficile à visualiser.

.   Une courbure spatiale négative caractérise un univers ouvert. Elle correspond à une géométrie hyperbolique. Le théorème de Pythagore n'est pas valable non plus, et la somme des angles d'un triangle est inférieure à 180 °. Un exemple simple en deux dimensions est donné par l'hyperboloïde à une nappe (visuellement c'est une selle de cheval quand il est plongé dans l'espace à trois dimensions). Encore une fois il n'est pas facile de visualiser simplement un espace tridimensionnel hyperbolique.

 Les trois courbures spatiales possibles

 

 

 

[v] Asynchrone : qualifie des mouvements qui se font de manière décalée dans le temps.

[vi] Qui concerne des jumeaux.

[vii] Est létal ce qui peut provoquer la mort d'un organisme vivant (animal, végétal) ou le rend non viable à la naissance.

[viii] Vers célèbre du Dante, qui est à la fois une imitation de Virgile et la fidèle expression du dogme de l'Église sur l'éternité des peines de l'enfer (Divine Comédie, Enfer, Chant 3, ligne 9 :             

« Par moi, vous pénétrez dans la cité des peines ;

par moi, vous pénétrez dans la douleur sans fin ;

par moi, vous pénétrez parmi la gent perdue.

 

La justice guidait la main de mon auteur ;

le pouvoir souverain m'a fait venir au monde,

la suprême sagesse et le premier amour.

 

Nul autre objet créé n'existait avant moi,

à part les éternels ; et je suis éternelle.

Vous, qui devez entrer, abandonnez l'espoir. »

 

L'Évangile avait dit : Allez au feu éternel !

[ix] Les Cimmériens (en grec ancien, Κιμμέριοι, "Kimmerioi" ; Gimirraya pour les Assyriens) sont un peuple de l'Antiquité, d'origine indo-européenne, apparentés aux Thraces ou aux peuples iraniens, installé en Tauride et sur le pourtour de la mer d'Azov avant de déferler aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. sur l'Asie Mineure.   Selon Etienne de la Boétie dans son Discours de la servitude volontaire, les Cimmériens vivent aux pôles car ils sont six mois dans l'obscurité complète : "comme le dit Homère de celui des Cimmériens, où le soleil se montre tout différent qu’à nous, où après les avoir éclairés pendant six mois consécutifs, il les laisse dans l’obscurité durant les six autres mois".

[x] Soyez vigilants. Première lettre de Saint Pierre, ch. 5, v. 8. « Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. »

[xi] (Fantastique) Génie de très petite taille que l’on suppose habiter dans la terre, où il est gardien des trésors, des mines, des pierres précieuses.

[xii] (Vieilli) ou (Ironique) Qui est indigent, nécessiteux.

[xiii] Le mot pair provient du latin paris qui signifie « égal en dignité ». Les ducs et pairs sont l'une des dignités les plus élevées dans la noblesse, juste après les princes du sang, qui sont eux des descendants directs du sang royal et qui sont considérés comme pairs nés.

La pairie de France était composée des grands officiers, vassaux directs de la couronne de France, ayant le titre de pair de France. Ils représentent les électeurs primitifs à la royauté à l’époque où la primogéniture n’est pas de règle, et assurent la dévolution de la couronne selon les lois fondamentales du royaume, ainsi que le choix de la régence en cas de minorité. Le nombre de pairs de France est un temps fixé à douze : six pairs ecclésiastiques et six pairs laïcs. Depuis 1180, on les voit chargés d’assurer la succession et être associés à la cérémonie du sacre où ils représentent chacun une fonction symbolique de l’investiture.

[xiv] Le Diable dans la Divine Comédie de Dante.

[xv] (1562) Emprunté au latin nyctalōps (« qui ne voit pas la nuit »), lui-même emprunté au grec ancien νυκτάλωψ, nuktálōps, attesté dans les deux sens « qui voit bien la nuit » et « qui voit mal la nuit ». Le français a retenu : qui peut voir dans l’obscurité et dans la nuit.

[xvi] La matière qui nous entoure est constituée d'atomes et de molécules, eux-mêmes constitués d'électrons et de noyaux atomiques. Ces noyaux atomiques sont eux-mêmes constitués de protons et de neutrons (on les appelle des nucléons). On pourrait pousser un cran plus loin ce petit jeu de décomposition, car on sait maintenant que les nucléons sont constitués de quarks. Ceci n'est pas crucial dans ce qui va suivre, et on va décrire la matière en termes de nucléons et d'électrons, sans se soucier de la structure interne des nucléons. Ce sont des particules chargées, et on attribue conventionnellement une charge négative à l'électron. On connait aussi d'autres particules, comme les neutrinos, les muons, les taus, etc... qui ne sont pas présents dans la matière qui nous entoure.

En 1932, une nouvelle particule ayant la même masse que l'électron mais une charge opposée est découverte par Anderson parmi les particules qu'on trouve dans l'atmosphère (on les appelle les rayons cosmiques), c'est le positron, la particule prédite par la théorie de Dirac. La première particule d'antimatière venait d'être découverte.

Une propriété étonnante : Les antiparticules n'ont pas grand chose d'extraordinaire, elles ressemblent beaucoup aux particules usuelles mais elles ont des charges opposées. La propriété qui fait qu'on les qualifie parfois de mystérieuses, et qui leur vaut leur préfixe "anti", est la suivante : quand une particule rencontre l'antiparticule qui lui correspond, une réaction peut avoir lieu, qui conduit à l'annihilation des deux, c'est-à-dire leur disparition, avec apparition d'autres particules, souvent des photons de haute énergie, plus précisément des rayons γ (prononcer gamma).

Conclusion : L'antimatière n'a rien de mystérieux, on en observe, on en crée, on en stocke, on l'utilise... Elle fournit aux astrophysiciens une autre manière d'observer l'Univers qui nous entoure.

[xvii] Dans sa fameuse "Prière sur l'Acropole" (Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883),  Ernest Renan évoque les Cimmériens : "Je suis né, déesse aux yeux bleus, de parents barbares, chez les Cimmériens bons et vertueux qui habitent au bord d'une mer sombre, hérissée de rochers, toujours battue par les orages. On y connaît à peine le soleil ; les fleurs sont les mousses marines, les algues et les coquillages coloriés qu'on trouve au fond des baies solitaires. Les nuages y paraissent sans couleur, et la joie même y est un peu triste ; mais des fontaines d'eau froide y sortent du rocher, et les yeux des jeunes filles y sont comme ces vertes fontaines où, sur des fonds d'herbes ondulées, se mire le ciel."

[xviii] Un haruspice, ou aruspice, est un pratiquant de l'haruspicine (de l'étrusque haru, entrailles, et spicio, « je regarde », transcrit par haruspex en latin, art des haruspices, dont un cas particulier est l'hépatoscopie), un devin étrusque qui examinait les entrailles d'un animal sacrifié pour en tirer des présages quant à l'avenir ou à une décision à prendre.

[xix] La plèbe (du latin plebs, plebis) est une partie du peuple (populus) romain, c'est-à-dire les citoyens romains, distincts des esclaves. La plèbe — les plébéiens — se définit par opposition aux patriciens ou plus tard à la nobilitas : c’est la partie du peuple qui s'oppose à l'organisation oligarchique de la cité. Dans le langage courant, la plèbe désigne la population.

[xx] Du latin cavus (« creux »).

[xxi] La goule (de l'arabe الغول al-ghûl, le « démon », la « créature », la « calamité » ) est une créature monstrueuse du folklore arabe[] et perse[] qui apparaît dans les contes des Mille et Une Nuits. Elles forment une classe de Jinn, comme les Éfrits par exemple, et sont donc à ce titre l'engeance du diable, Iblis. Les goules changent de forme, prenant le plus souvent l'apparence d'une hyène ou celle d'une femme, mais elles sont reconnaissables à leurs pieds fourchus, seul élément constant de leur apparence. La ghula, féminisation du mot arabe, est l'équivalente arabe/perse de Lilith (Lamia). On retrouve ses homologues dans la mythologie hindoue, Yogni et Dakini, chaldéenne, Utug et Gigim (démons du désert) et russes, Baba Yaga[]. Le poète anté islamique Ta'abbata Charrane décrit dans l'un de ses poèmes sa rencontre et sa lutte contre une goule. La goule affectionne les cimetières où elle déterre les cadavres pour s'en nourrir et dans d'autres endroits peu fréquentés. La goule hante aussi le désert sous les traits d'une jeune femme et elle dévore les voyageurs qui succombent à ses appels, non sans rappeler les sirènes du récit de l'Odyssée. De nombreux récits terrifiants destinés aux enfants ont pour acteur principal une goule dans les pays du Maghreb. La goule y joue souvent le rôle du Grand méchant loup.[]